« Témoigner, c’est résister à l’oubli. » Ces mots forts ont marqué les esprits des élèves de Terminale suivant la spécialité Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques (HGGSP), ce mardi 8 avril, qui ont eu la chance de bénéficier du témoignage de Félicité Lyamukuru, survivante du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, organisé en visioconférence au Centre de Documentation et d’Information (CDI) en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

Trente ans après l’un des pires crimes contre l’humanité du XXe siècle, Félicité Lyamukuru a livré à nos élèves un récit poignant, empreint de douleur mais aussi de dignité, à l’occasion de la commémoration des 31 ans du génocide. Elle a parlé du premier choc de sa vie, au début des années 90, où la réalité de l’exclusion ethnique s’est imposée à elle quand elle a dû remplir, à l’école, une fiche avec la mention de son ethnie. Le second choc intervient en 1992 où, toujours à l’école, elle est forcée de sortir de sa classe pour voir au dehors des dizaines de corps entassés.
Lorsque le génocide éclate en avril 1994, pendant les fêtes de Pâques, Félicité n’a que 16 ans. La Radio des Mille Collines diffuse en continu des discours de haine, appelant à l’extermination des Tutsis. « On nous appelait des cafards, des cancrelats ». Pendant près d’une heure, Félicité Lyamukuru a ainsi évoqué l’horreur de ces cent jours – du 7 avril au 17 juillet 1994 – durant lesquels entre 800 000 et un million de Tutsis et de Hutus modérés ont été assassinés dont sa famille. Elle est ainsi la seule rescapée avec son frère et une cousine : « J’ai vu la haine tuer » dit-elle.
Aujourd’hui, Félicité Lyamukuru est engagée dans la transmission de la mémoire du génocide des Tutsis et à la lutte contre le négationnisme : « Quand je témoigne, je résiste contre la haine » conclut-elle.

Au Lycée Français Saint Louis, nous estimons que forger la citoyenneté de nos adultes en devenir passe par la connaissance, mais aussi le partage sensible et l’échange autour de l’histoire de l’humanité, y compris dans ses moments tragiques. À quelques mois de quitter le secondaire pour entrer de plein pied dans la vie adulte, et quelques semaines après le voyage mémoriel organisé à leur intention en Pologne, nos élèves de terminale ont ainsi eu l’opportunité de vivre une nouvelle expérience marquante et riche d’enseignements.
Un grand merci aux enseignants impliqués dans cette démarche essentielle, à commencer par leur professeur d’HGGSP !