Vendredi 19 janvier, nos deux classes de Terminale ont eu la chance d’assister avec plusieurs dizaines d’autres établissements secondaires français au témoignage d’Arlette Testyler, organisé par l’Union des déportés d’Auschwitz (UDA), en amont de la journée de mémoire des génocides du 27 janvier prochain.
Née en France en 1933, deux mois jour pour jour après l’accession au pouvoir en Allemagne d’Adolf Hitler, Arlette Testyler est une jeune enfant juive d’origine polonaise dont la vie se trouve bouleversée en 1940, avec l’établissement du régime de Vichy, la défaite militaire de la France, puis l’Occupation.
Marginalisée, elle raconte avoir éprouvé un profond sentiment de honte à devoir porter une étoile, ce signe qui marquait et distinguait pour le pire. Seule consolation, mais elle est de poids : l’attitude noble et courageuse de l’institutrice d’Arlette, qui menace de punir tout élève qui évoquerait l’étoile. Consolation éphémère, toutefois, car la descente aux enfers se confirme et se poursuit en 1941-1942 : Abraham, le père d’Arlette, est arrêté et déporté à Auschwitz, où il est assassiné.
En juillet 1942, Arlette, sa sœur Madeleine et leur mère Malka subissent à leur tour l’arrestation – par des policiers français, insiste à raison Mme Testyler – lors de la rafle du Vélodrome d’Hiver. La jeune fille est alors internée au camp de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret, d’où elle parvient à s’évader en compagnie de Madeleine et de Malka. Cachées, c’est-à-dire sauvées par un couple de Vendôme (Loir-et-Cher), les deux orphelines et leur mère survivent à la guerre et déjouent ce piège identitaire dans lequel tout conspirait à les faire tomber. Ce n’est qu’à la Libération, en 1944, qu’Arlette apprend la mort de son père dans une sombre chambre à gaz du camp d’Auschwitz.
Au terme de ce témoignage émouvant de plus de deux heures, Mme Testyler, âgée aujourd’hui de 90 ans, a exhorté son jeune auditoire à entretenir la mémoire de la Shoah et à poursuivre ce travail de transmission : transmission de la mémoire, certes, mais bien plus, transmission de la vie, et de la plus essentielle des valeurs intemporelles : celle de tolérance.